Poupée thérapeutique d’Anne. Qu’est-elle devenue…?

La circulation du vivant en art-thérapie

Vous êtes nombreux à m’interroger sur la suite à donner aux créations qui sortent de l’atelier. A force de me retrouver moi-même avec des dizaines d’objets, poupées, collages, modelages, etc. J’ai compris qu’il y a une forme d’hygiène mentale, de purification symbolique à pratiquer régulièrement avec nos créations afin d’éviter la stagnation, de rompre régulièrement avec ce qui n’a plus besoin d’être.

Les créations qui sortent d’un atelier d’art-thérapie n’ont pas pour vocation d’être exposées ou gardées pour toujours.  Même celles que l’on estime les plus réussies.

Ce ne sont pas des œuvres terminées au sens commun du terme. Elles sont au contraire le témoin d’un passage, d’une transition, d’un moment de notre vie. Elles reflètent une interrogation, un besoin, un instant précis de notre paysage intérieur.

Quand on vient juste de terminer une création dans un but thérapeutique, elle résonne fortement en nous, étant le reflet profond de notre transformation en cours.

La disposer pour l’avoir sous les yeux est au départ plutôt constructif parce qu’elle continue de nous informer, elle dialogue avec nous et nous invite à évoluer.

Puis, à plus ou moins long terme, parfois nous sentons un désintérêt, que l’on peut même ressentir comme une forme de détachement. Il n’est pas forcement évident de se séparer de ces créations avec lesquelles un jour le lien fut si intense. Quand on se retrouve face à une accumulation d’objets marquants c’est autant de fragments de processus qui ont eu leur sens.

Je me suis retrouvée, moi aussi, avec plus d’une demi-douzaine de poupées, des collages, des modelages…Tous avaient compté. Esthétiquement, je les trouvais encore puissants.Je ne savais plus quoi en faire mais je savais qu’il ne fallait pas en disposer à la légère.

Écouter la mémoire des formes pour libérer l’espace intérieur

J’ai pris chaque objet séparément et je les ai tenus dans ma main droite en les écoutant avec ma main gauche tout en fermant les yeux. C’est simple et intuitif.

Les mains sont sensibles et possèdent des capteurs énergétiques, elles peuvent donner de l’énergie ou en recevoir. 

Écouter simplement votre création et elle vous dira où vous en êtes avec elle. Peut-être avez-vous complètement dépassé la problématique qu’elle incarnait pour vous à l’époque. Dans ce cas demandez-lui ce que vous pouvez faire d’elle et elle vous répondra! La brûler? La poser dans un endroit particulier? Autre chose encore?

Peut-être au contraire elle est encore active quelque part. Il y a quelque chose d’elle que vous avez encore besoin de comprendre: elle vous le dira. Qu’attend-elle de vous: un geste, un déplacement, une situation? Faut-il enlever ou rajouter quelque chose?

Votre création saura vous guider jusqu’à sa juste place pour vous accompagner autrement. Pour qu’elle reste présente d’une manière juste et vivante.

Comme toute création vivante ces objets ont leur propre cycle. Savoir les écouter c’est aussi apprendre à accueillir leur fin ou leur métamorphose. C’est prolonger le travail intérieur en laissant les objets évoluer avec nous, ou s’effacer quand leur rôle est accompli. C’est continuer à œuvrer à notre propre développement.

«  Toute créativité est un cycle, pas un événement isolé sans passé ni avenir. C’est un cycle qui s’éveille, s’élève vers un zénith, diminue, meurt, puis passe par une phase d’incubation, d’attente, pour s’éveiller de nouveau et renaitre…Et c’est ce cycle qui est juste, approprié, cohérent et sacré. » *

– Clarissa Pinkola Estes, The Creative Fire: Myths ans Stories About the Cycles of Creativity ». Sounds True 2005.

Agnès Perelmuter